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chiffre de la semaine

Les Hauts-de-France ont connu cette année une sécheresse hors norme. Certains territoires de la région n’ont pas eu une seule goutte d’eau pendant plusieurs mois.

Cette sécheresse inédite est dans l'esprit de chacun et au cœur des débats actuels. Il y est beaucoup question des impacts sur nos vies ainsi que sur la faune qui nous entoure. Nous ne pouvons que constater que la flore est impactée également mais dans ce cas, ce qui nous vient à l’esprit la plupart du temps est la santé de nos forêts.

Pourtant, la petite flore des jardins, des prairies, des bords de champs, des fossés et des cours d’eau sont directement touchés par le manque d’apport en eau qu’occasionne cette météo d’été 2022.

Très méconnue, cette flore n’en est pas moins indispensable à l’équilibre de la biosphère de notre région et déjà en partie menacée avant même ces épisodes de sécheresse.

En 2019, dans notre ouvrage « Etat des lieux de la biodiversité des Hauts-de-France », nous dressions un bilan du Statut de conservation de la flore vasculaire* des Hauts-de-France dont nous vous proposons aujourd’hui un zoom.

La flore vasculaire des Hauts-de-France présente actuellement un taux de menace (13,3 %) supérieur au taux national (8,4 %). 132 espèces indigènes* ont disparu au cours du XXe siècle (8,8 %) dont une part importante de plantes messicoles*.

En 2018, le risque de disparition de l’ensemble de la flore vasculaire de France métropolitaine a été évalué1. Après un examen de la situation de chacune des 4 982 espèces de plantes indigènes recensées sur le territoire national, les analyses montrent que 421 espèces sont menacées (soit 8,4 %) et 321 autres quasi menacées, soit 15 % au total.

L’évaluation du degré de menace par l’élaboration d’une Liste rouge permet d’identifier le statut de conservation, de déterminer le risque de disparition et de fournir une base cohérente pour orienter ou prioriser les politiques et les stratégies d’action.

Les Hauts-de-France comptent 2 360 espèces de plantes sauvages mais toutes ne sont pas autochtones, c’est-à-dire originaire de la région. Environ deux tiers le sont, on dénombre ainsi 1 501 espèces de plantes indigènes dont 132 espèces indigènes disparues [RE] au cours du xxe siècle (8,8 %) et 10 autres espèces présumées disparues [CR] en l’état actuel des connaissances.

Historiquement, des pressions intenses ont été générées par les aménagements depuis la Révolution industrielle au XIXe siècle (forte urbanisation, aménagements industriels, voies de communication, etc.). À partir de la seconde moitié du XXe siècle, les menaces sont davantage liées aux mutations des modes de production agricole (déprise, intensification, assèchement des zones humides) et ce sont alors les espèces messicoles et celles des prairies maigres qui régressent le plus.

Enfin, des pressions plus récentes sont documentées pour certaines espèces végétales comme l’évolution des pratiques sylvicoles, les dépôts d’azote atmosphérique ou encore l’impact d’espèces animales exotiques envahissantes (ragondins et rats musqués par exemple). Les modifications climatiques en cours sont également susceptibles d’aggraver le risque d’extinction de nombreuses espèces, notamment celles inféodées aux zones humides et aux milieux aquatiques.

Le Conservatoire botanique national de Bailleul a complété l’analyse de la flore régionale initiée à travers les Listes rouges régionales par une hiérarchisation des enjeux de conservation grâce à une analyse multicritère, plus adaptée à une échelle régionale ou infrarégionale. La hiérarchisation réalisée a mis en évidence 402 taxons* à enjeux de conservation significatifs pour les Hauts-de-France, soit un peu plus de 26 % des taxons indigènes recensés. Toutes les espèces menacées des Hauts-de-France figurent dans la liste des 402 taxons à enjeux de conservation auxquels s’ajoutent 286 taxons jugés non menacés suivant la méthode IUCN ([NT], [LC] ou [DD]). L’étude des milieux de vie des taxons à enjeux de conservation a mis en évidence l’importance de certains milieux dans la région. En effet, les zones humides et les milieux littoraux présentent les plus fortes proportions de taxons à enjeux de conservation parmi la flore qui les caractérise (environ 43 %).

Retrouvez tous les chiffres de l’Observatoire dans la rubrique "Nos publications" à cette adresse :

https://www.observatoire-biodiversite-hdf.fr/publications

* au sein de la flore, les plantes dites « vasculaires » regroupent l’ensemble des fougères et des plantes à graines ou à fleurs.

** plantes dont la particularité est de vivre de façon stricte ou préférentiellement dans les cultures qu’elles accompagnent depuis plusieurs siècles.