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statut conservation insectes

Le printemps s’étant bel et bien installé dans la région, les insectes sont sortis de leur hibernation.

Une bonne raison pour nous de les mettre à l’honneur dans nos chiffres de la semaine en zoomant sur leur état de conservation à l’échelle régionale.

Le saviez-vous ?

Les trois quarts des espèces animales vivant sur Terre sont des insectes !

Le nombre total d’espèces avoisinerait les 5,5 millions. Par comparaison, les mammifères ne représentent « que » 5 500 espèces sur Terre.

De par leur diversité et leurs modes de vie très variés, les insectes sont de nombreuses fonctions à différents niveaux des écosystèmes :

  • La décomposition des matières organiques
  • Le recyclage des matières organiques
  • Le nettoyage des cadavres d’animaux morts
  • La mise à disposition de ressources alimentaires pour les prédateurs qui leur sont associés
  • La participation à l’équilibre des écosystèmes par la prédation, le parasitisme ou la transmission de maladies
  • La pollinisation
  • La dissémination de graines

Leur présence est donc indispensable à l’équilibre de la chaîne alimentaire et à de nombreuses autres fonctions écologiques : formation des sols, rétention de l’eau, interactions biotiques (prédation, compétition, mutualisme, etc.).

Malgré leur grande importance écologique, le déclin des insectes n’a pas bénéficié du même intérêt que celui des mammifères ou des oiseaux au cours des dernières décennies.

Cependant, les études sont de plus en plus nombreuses à montrer un déclin massif des insectes, tant en nombre d’individus qu’en nombre d’espèces, à l’échelle mondiale. Le suivi de plusieurs sites naturels protégés en Allemagne a montré que plus des trois quarts de la biomasse d’insectes volants ont disparu en l’espace de 27 ans. D’après cette étude, le déclin des arthropodes volants est plus important que celui des vertébrés (58 % en 42 ans) et il touche non seulement les espèces rares et localisées mais aussi l’ensemble des espèces d’insectes, y compris les plus communes.

Actuellement, aucune publication de Liste rouge ne concerne le territoire des Hauts-de-France mais une démarche coordonnée par la DREAL Hauts-de-France est mise en place dans cette optique. Le statut de conservation des insectes sera évalué à l’échelle des Hauts-de-France et selon la méthode officielle dans la décennie à venir. En attendant, l’appréciation du statut de menaces des insectes dans les Hauts-de-France repose sur les Listes rouges publiées à l’échelle d’une ou des deux anciennes régions administratives (Picardie et Nord-Pas-de-Calais).

  1. Les coccinelles (Picardie Nature : 2016)

Les Hauts-de-France comptent, en l’état actuel des connaissances, 6 espèces menacées, ce qui correspond à plus d’un dixième des espèces autochtones* recensées dans la région (57) au cours des dix dernières années.

  1. Les orthoptères (Picardie Nature : 2016)

Les Hauts-de-France comptent, en l’état actuel des connaissances, onze espèces menacées, ce qui correspond à plus d’un cinquième des espèces autochtones répertoriées dans la région (cinquante). Au cours des dix dernières années, seule une espèce peut être considérée comme disparue à l’échelle régionale : le Sténobothre bourdonneur Stenobothrus nigromaculatus.

  1. Les odonates (Picardie Nature : 2016, GON : 2018)

Les Hauts-de-France comptent, en l’état actuel des connaissances, dix espèces menacées, ce qui correspond à 18 % des espèces autochtones inventoriées dans la région (55) au cours des dix dernières années.

  1. Les papillons « de jour » (Picardie Nature : 2016, GON : 2018)

Les Hauts-de-France comptent, en l’état actuel des connaissances, 26 espèces menacées (CR + EN + VU), ce qui correspond à plus d’un quart des espèces de rhopalocères (ou papillons « de jour ») connues dans la région (103). Au cours de la dernière décennie, douze espèces ont potentiellement disparues à l’échelle régionale.

Lorsque l’on s’intéresse de plus près l’écologie des espèces menacées ou régionalement éteintes, on s’aperçoit qu’elles sont souvent liées à des zones humides, des forêts ou des prairies* non amendées.

Les grands massifs forestiers, déjà rares dans la région, en particulier dans le Nord et le Pas-de-Calais, sont exploités de manière plus en plus productive au détriment de la biodiversité.

Par ailleurs, le changement climatique bouscule les conditions de vie des arbres avec des répercussions à plus long terme sur la densité des peuplements et leur composition. Les clairières se font rares ; les fleurs des layons sont de plus en plus broyées ou écrasées par les engins forestiers.

L’intensification des pratiques agricoles a conduit à une diminution de la diversité et de l’abondance des populations d’insectes par des effets directs ou indirects : diminution de la ressource alimentaire, fragmentation*... Les bords de routes, de chemins et de champs sont majoritairement broyés pendant le printemps ou l’été, période où la destruction directe d’insectes mais aussi de plantes nourricières pour de nombreux insectes est la plus défavorable.

L’utilisation des pesticides en agriculture dite intensive (notamment des insecticides de la famille des néonicotinoïdes*) constitue également une pression importante pour l’entomofaune. Même s’ils sont utilisés à des doses très faibles, ces produits létaux pour la majorité des insectes, sont très persistants et s’accumulent dans les sols exposés, tout comme les milieux connexes.

La régression importante des zones humides au cours des dernières décennies menace de nombreuses espèces d’insectes, comme les odonates ou certaines espèces de coccinelles, d’orthoptères ou de papillons « de jour » inféodées à ces milieux.

Enfin, les insectes constituent un groupe majoritairement sous-étudié contrairement aux vertébrés. Les groupes les plus connus ne sont pas forcément représentatifs de l’ensemble des insectes et ne suffisent pas à dresser un état des lieux global. Sur les quatorze principaux ordres d’insectes présents en France, seuls deux ont fait l’objet d’une évaluation de Liste rouge des espèces menacées dans les Hauts-de-France : il s’agit des odonates et des papillons « de jour » (appartenant à l’ordre des Lépidoptères). Deux autres ordres ont fait l’objet d’une évaluation partielle : il s’agit des orthoptères et des coccinelles appartenant à l’ordre des Coléoptères. Améliorer les connaissances d’un nombre plus important de groupes d’insectes permettrait de compléter l’analyse faite ici.

Pour en savoir plus, vous pouvez également retrouver la fiche complète de cette étude en suivant ce lien : https://www.observatoire-biodiversite-hdf.fr/sites/default/files/docume…